jeudi 20 décembre 2007

1 million d'euros pour Vijecnica

Le 22 octobre 2007 à Sarajevo, M. Željko Komsić, membre de la Présidence de Bosnie-Herzégovine, M. Cesar Antonio Molina, Ministre de la culture d’Espagne et Mme Semiha Borovac, Maire de Sarajevo signaient un Memorandum selon lequel le gouvernement espagnol donne un million d’euros pour la restauration de la façade de Vijećnica, le bâtiment occupé par la Bibliothèque Nationale et Universitaire de Bosnie-Herzégovine jusqu’à son incendie qui dura du 25 au 28 août 1992, résultat d’un bombardement des serbes nationalistes qui assiégeaient la ville. En août 2007, un don du gouvernement de Hongrie permettait le financement des travaux de préparation de la façade. Le projet de restauration a quant à lui été élaboré grâce à un financement de la Commission Européenne.

Quinze années après sa destruction, qui avait suscité une grande émotion et un important mouvement de solidarité internationale, la « Bibliothèque de Sarajevo » n’est toujours pas reconstruite. Une première phase de travaux a été entreprise entre 1996 et 1997, avec l’aide de l’Autriche. La réfection de la verrière du toit a permis la mise à l‘abri du bâtiment. De 1999 à 2004, un financement de la Commission européenne a permis la sécurisation des murs et des sols et la réfection du hall. Des expositions et des conférences ont alors pu se tenir dans un bâtiment qui reste inutilisable pour une activité permanente.

Les travaux sur la façade devraient bientôt commencer. Mais après sa restauration, le bâtiment sera-t-il à nouveau une bibliothèque ? A l’occasion de la visite du Ministre de la culture d’Espagne, un séminaire sur le thème « Vijećnica et le dialogue entre les cultures » a été organisé par l’Ambassade d’Espagne en Bosnie-Herzégovine. Inauguré à Vijećnica, ses travaux se sont poursuivis dans un lieu plus propice, avec deux séances intitulées « Livre, bibliothèques et rencontres culturelles » et « Bibliothèques à travers l’histoire : du parchemin à l’ère numérique. » La tenue de ce séminaire, auquel participait le directeur de la Bibliothèque, semble confirmer l’intention des donateurs de contribuer à la reconstruction de Vijećnica en tant que Bibliothèque nationale et Universitaire de Bosnie-Herzégovine. Mais quelles sont les intentions des responsables, aux niveaux de l’Etat de Bosnie-Herzégovine, du Canton et de la Ville de Sarajevo ?

Des responsables de la Bibliothèque ont publié en juin un appel pour que celle-ci « dépasse le stade de la survie » et devienne « un des acteurs de la construction d’une société bosnienne fondée sur la connaissance et l’innovation »[1]. Ils dénoncent en particulier l’indifférence de l’Etat, dont relève juridiquement la bibliothèque, et sa mise à l’écart par les autorités de la Ville et du Canton de Sarajevo pour toutes les décisions concernant Vijećnica, où la bibliothèque risque de ne retrouver qu’une part symbolique, et sans qu’aucun autre projet ne soit envisagé pour son relogement. Dans cette publication que nous résumons ici, M. Ismet Ovčina, directeur de la Bibliothèque, et Mmes Sonja Polimac, et Amra Rešidbegović, membres de sa direction, rappellent que la bibliothèque a été fondée par le Parlement de la République de Bosnie-Herzégovine le 31 octobre 1945 sous le nom de « Bibliothèque publique de Bosnie-Herzégovine ». Son importance en tant qu’institution relevant de l’Etat était alors affirmée. Centre bibliographique national, elle devait aussi conserver le patrimoine documentaire de Bosnie-Herzégovine et fournir des services à ses usagers, au niveau national.

Le bâtiment de Vijećnica, le plus grand et le plus représentatif de la période austro-hongroise à Sarajevo, avait été inauguré en 1896 et accueillait l’Hôtel de Ville[2]. Il fut affecté en 1949 à la Bibliothèque, devenue en 1971 « Bibliothèque Publique et Universitaire de Bosnie-Herzégovine ». Le bombardement de 1992 provoqua la destruction du bâtiment, des équipements et de la plus grande partie des collections. Mais la bibliothèque recommença à fonctionner dès le milieu de l’année 1993 dans les locaux occupés auparavant par une revue littéraire, malgré les difficiles conditions de la guerre[3]. Le personnel rassembla les documents sauvés de l’incendie et continua à recevoir le dépôt légal des publications. Des travaux de recherche sur l’histoire de la presse furent entrepris à cette période, et une conférence sur le renouveau des collections se tint dans les locaux de l’Académie des Sciences et des Arts. En 1997, la Bibliothèque se réinstalla dans l’un des bâtiments restaurés d’une ancienne caserne, où elle occupe, encore actuellement, 3 000 m². Les locaux de Vijećnica comptaient 10 500 m² et la bibliothèque évalue ses besoins entre 20 et 25 000 m².

Malgré l’inadaptation des locaux, la bibliothèque remplit toutes ses fonctions grâce à son personnel qualifié, toutefois rémunéré de façon irrégulière. Le manque de financement et le désintérêt de l’Etat contrarient sa volonté de combler le retard dû à dix années de stagnation technologique. C’est grâce à une aide internationale que peuvent être mis à la disposition des lecteurs des ouvrages étrangers : une contribution des gouvernements autrichien et égyptien a notamment permis l’ouverture de salles où sont présentés une sélection d’ouvrages en langue allemande et des ouvrages sur la littérature, le théâtre et le cinéma égyptien[4]. Les auteurs demandent à l’Etat de remplir ses obligations légales envers la bibliothèque en lui assurant les moyens financiers et les locaux qui lui permettraient de remplir la fonction qu’il lui a lui-même assignée. Ils ne peuvent admettre qu’il transfère ses obligations envers la bibliothèque à la Ville et au Canton de Sarajevo, qui prennent des décisions concernant le bâtiment de Vijećnica, sans consulter les représentants ni de l’Etat, ni de la bibliothèque, et s’intéressent à Vijećnica surtout en tant que bâtiment pouvant héberger les services municipaux.

Le relogement de la Bibliothèque dans la caserne Maréchal Tito ne devait être que temporaire. L’importance de la relation entre Vijećnica et la bibliothèque était alors souvent soulignée. Puis Vijećnica a été évoqué comme un monument d’importance culturelle et historique, mais de moins en moins comme la bibliothèque, qui en est pourtant le propriétaire légal. Ces dernières années, Vijećnica a souvent été mentionné en public comme le futur bureau du Maire de Sarajevo. La Bibliothèque a été exclue des actions liées à la reconstruction de Vijećnica, et n’a pas été sollicitée pour la collecte de moyens financiers. Aux yeux du monde et de nombreux citoyens de Bosnie-Herzégovine, Vijećnica est pourtant indissociable de la bibliothèque qui a, pendant 60 ans, préservé et promu l’identité du pays. Les donateurs ont associé leur action à la reconstruction de la bibliothèque et non à celle d’un monument historique, encore moins au siège de l’administration de la ville. Lors de la première phase de travaux entre 1996 et 1997, le Conseil municipal et l’Institut de planification de la ville ont entamé des discussions sur l’avenir de Vijećnica. La Bibliothèque a alors exprimé ses craintes de perdre l’usage du bâtiment. En1998, le Canton de Sarajevo déclarait que la Bibliothèque, qu’il n’avait pas consultée, devait en occuper le premier étage. En 2003, c’est le 1er et le 3ème étage qu’il lui attribuait, sans plus de consultation.

Mme Sonia Stiegelbauer, représentante du Secrétaire général du Conseil de l’Europe a agi pendant son mandat en Bosnie-Herzégovine pour la collecte de fonds destinés à la reconstruction de Vijećnica, et montré son intérêt pour la bibliothèque. Elle a Informé les autorités du Canton de Sarajevo qu’elle avait rassemblé 250 000 euros qui devaient être utilisés en 2007 pour la réalisation du projet de restauration. Un Bureau de coordination a été établi, un compte ouvert pour les dons, et l’autorité sur Vijećnica a été partagée entre le Ministère de la planification urbaine du Canton de Sarajevo et l‘administration de la Ville de Sarajevo. Ce n’est qu’après que les décisions aient été prises que des représentants de la bibliothèque ont été associés au Bureau de coordination et aux groupes de travail. Des rencontres ont eu lieu à Vienne sans que bibliothèque y soit associée.

La bibliothèque en tant que patrimoine est indissociable de Vijećnica. Le bombardement de 1992 n’était pas dirigé contre un monument historique mais contre son contenu qui manifestait l’existence et l’identité de la Bosnie-Herzégovine. En aidant à la reconstruction et au retour de la bibliothèque à Vijećnica, ce sont les effets de la destruction brutale de l’héritage des peuples de Bosnie-Herzégovine que les donateurs partout dans le monde veulent réduire. En septembre 2005, la Bibliothèque nationale d’Autriche a envoyé une contribution de 7 000 euros et a collecté des fonds auprès d’autres bibliothèques européennes. Les premières à répondre ont été celles de Chypre, de France, des Pays-Bas et de Serbie. Ces fonds étaient expressément destinés à la « reconstruction de la Bibliothèque nationale et Universitaire de Sarajevo. »

Les auteurs insistent sur le fait que l’Etat doit remplir ses obligations vis à vis de la bibliothèque, lui assurer les fonds lui permettant de fonctionner, et soit favoriser son retour à Vijećnica, soit lui procurer une nouvelle implantation, adaptée à ses fonctions. Le budget alloué par l’Etat est irrégulier. La municipalité ne contribue aucunement au fonctionnement de la bibliothèque, et le Canton y contribue en partie parce que la bibliothèque est aussi universitaire et rend des services aux Universités de Sarajevo. L’Etat doit se prononcer sur l’attribution de Vijećnica. Tant qu’il ne l’a pas fait, les responsables de la Bibliothèque estiment qu’un nouveau bâtiment doit être construit si la fonction de Vijećnica est modifiée. Un projet en ce sens avait été élaboré en 1970, mais il n’y avait pas été donné suite.
En conclusion, les responsables de la Bibliothèque Nationale de Universitaire de Bosnie-Herzégovine appellent les autorités locales à une action coordonnée, et les citoyens du pays ainsi que tous les donateurs étrangers à contribuer à la reconstruction de Vijećnica, en tant que bibliothèque et monument historique, jusqu’à de que l’Etat assume et remplisse ses obligations.


Marie-Geneviève Guesdon
Association d’Amitié avec les Bibliothécaires de Bosnie-Herzégovine.




[1] Ismet Ovčina, Sonja Polimac, Amra Rešidbegović, Vijećnica-prepoznatljivi Simbol nacinalne i Universitetske Biblioteke Bosne i Hercegovine / Vijećnica- a Recognizable Symbol of the National and University Library of Bosnia and Herzegovina. Sarajevo, Nacionalna i univerzitetska Biblioteka Bonse i Hercegovine, 2007.
[2] « Vijećnica » signifie « salle de conseil, Mairie, Hôtel de ville »
[3] Quatre membres du personnel de la bibliothèque, alors réduit à quarante personnes, ont perdu la vie du fait de la guerre.
[4] Sur la participation française à ce mouvement, voir B. Gauthier, La Bibliothèque nationale et universitaire de Sarajevo et les bibliothèques bosniaques, Bulletin des Bibliothèques de France, 1997, T 42, n0 6, pp 72-77. En 2007, l’Association d’Amitié avec les Bibliothécaires de Bosnie-Herzégovine (ex-ARBNS) a fait parvenir plus d’un millier d’ouvrages, principalement de littérature française, don de l’association Le Français en Partage.

1 commentaire:

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